Tom

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Professeur d’arts plastiques, Cécile Carozzino à redécouvert récemment le plaisir de la peinture.

Ses peintures empruntent à la littérature au cinéma, les ciels et paysages désertiques de Gus Van Sant ou le sentiment d’ennui lié à l’attente chez Carson McCullers. Il n’y a pas de repère de temps ou de lieu, les personnages sont comme étrangers à leur environnement. Leurs regards se détournent, cherchent un contre champ derrière nous et le fixe avec attention.

Ses œuvres fixent des instants d’intimité fugitive. Mais la temporalité de l’événement est inversée : les couleurs estompées semblent retenir le temps qui passe. Les heures s’égrènent très lentement. Ce qui n’est pas sans déclencher chez l’observateur une certaine inquiétude, un malaise sous-jacent au nom événement qui nous est exposé.

Les Fenêtres

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Graphiste de formation, Clément Charbonnier Bouet s’est tourné très tôt vers la bande dessinée. Son premier ouvrage, Monde parallèle est publié en 2019 par L’Association, qui a fait connaître, notamment, Killoffer, Marjane Satrapi, Joann Sfar ou encore Lewis Trondheim. Les paysages urbains qui sont au cœur de son travail révèlent une atmosphère étrangement inquiétante dans une ordinaire porte de garage ou une ombre sur un trottoir, stylisés dans un noir et blanc sans concession, simples au point de ressembler parfois au clavier d’un piano — ce n’est peut-être pas un hasard si Clément Charbonnier Bouet a grandi à Arcueil, où a vécu Erik Satie…

Cette commande a été l’occasion pour lui de produire une estampe en cinquante-cinq variations, grâce à un atelier artisanal perpétuant la technique de l’impression typographique sur presse manuelle à cylindre. La composition de chaque planche résulte de la combinaison de plaques de métal gravées à partir des dessins de l’artiste puis fixées sur un support en bois, l’artiste modifiant leur emplacement à l’impression, comme autrefois les typographes déplaçaient les plombs d’un texte dans une barrette d’imprimerie.
Les Fenêtres sont comme un manifeste : quoi de plus semblable aux cases d’une planche de bande dessinée traditionnelle que la façade d’un immeuble standardisé ? L’artiste a joué de cette féconde ambiguïté. Les cinquante-quatre cases — on pourrait dire les cinquante-quatre fenêtres représentées — sont identiques, mais le détail des objets qui les masquent, les encombrent ou les décorent révèle des vies cachées qui font s’emballer notre imagination. Pourquoi avoir volé ce Caddie de supermarché si c’est pour l’exposer sur un balcon ? Ou acheté ce vélo d’appartement, remisé à la fenêtre ? Des enfants ont-ils choisi une serviette à l’effigie de Bob l’éponge pour servir de rideau ? Les Fenêtres de Clément Charbonnier Bouet invitent chacun à se raconter sa propre histoire… A. B.

Édition de 55 estampes différentes. Impression sur presse typographique manuelle à cylindre sur papier Materica 260g, 2 passages couleur.

Oeuvre réalisée en collaboration avec Camille Escoubet et Gérard Lefèvre à l’imprimerie Trace, Concots (France).

Clément Charbonnier Bouet est né en 1984 à Paris. Il vit et travaille à Paris.

Cette œuvre a été réalisée dans le cadre de la commande Emanata.
Confiée à des auteurs de bande dessinée et à des artistes la commande d’œuvres d’art imprimé, Emanata* dévoile douze créations originales qui témoignent de la singularité de la création contemporaine et des images. Initiée par le ministère de la Culture dans le cadre de « BD 2020, l’année de la bande dessinée », cette commande, portée par le Centre national des arts plastiques (Cnap) en partenariat avec l’Association de développement et de recherche sur les artothèques (Adra) et la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image, d’Angoulême, vise à souligner les liens qu’entretient la bande dessinée avec les arts visuels dans la création contemporaine. Les artistes retenus, par un comité de sélection composé de représentants des commanditaires et des artistes Marion Fayolle et Jochen Gerner, affirment leur appartenance à l’imaginaire et aux codes de la bande dessinée et de l’image graphique et développent des recherches prospectives et expérimentales. Dans la lignée de Nouvelles Vagues (2010–2018) et de nombreux autres programmes de commande menés depuis 1989, Emanata* crée également un terrain de rencontres et d’échanges de savoir-faire entre artistes et artisans d’art, tout autant passeurs d’images et d’imaginaires.
Les œuvres réalisées sont conservées au sein des collections du Cnap, des artothèques et de la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image et viennent enrichir un patrimoine vivant. Destinées par essence à être diffusées largement, les six cent soixante-cinq estampes sont mises à la disposition à la fois
des administrations ou des services de l’État mais aussi des emprunteurs des artothèques. Ce deuxième partenariat avec l’Adra — le premier ayant donné lieu à la commande de multiples Quotidien, en 2019 — permet à nouveau de faire circuler des œuvres de l’espace collectif vers celui de l’intime et de toucher ainsi
un public élargi.

Du royaume de la galanterie

Réplique de la carte de la « Description universelle du Royaume de la Galanterie», milieu du 17e siècle.

Les différentes cartes sentimentales réalisées à ce jour fonctionnent toutes par le retrait de l’image originale des cartes du XVe siècle au profit des mentions et leurs emplacements. En conservant les terminologies d’époques et leurs emplacements, apparaissent des nuages de mots sentimentaux hauts en couleurs, parfois désuets, parfois drôles … La toute première de la série, Folio 399, reprend la carte de Tendre et fait maintenant partie de la collection du FRAC Occitanie – Montpellier). DU ROYAUME DE GALANTERIE, est une gravure en taille douce produite
avec l’URDLA en 2019. Fabriquée donc comme une véritable estampe du XVIIIe siècle (si ce n’est la plaque d’origine, en plexiglas gravé numériquement), et est peut-être un peu plus universelle dans ses thématiques comme elle touche au jeu, à l’amour, l’opulence et la bonne chère.

Guillaume Constantin est né en 1974, il vit et travaille à Paris. Sa pratique est généralement associée à la sculpture et à l’installation. Comme certains artistes de sa génération, il s’intéresse à la collection, aux conditions de sa constitution et de sa transmission comme à son potentiel narratif. Des displays de la série Fantômes du Quartz, qui accueillent une constellation d’artefacts de nature et de provenance diverses, aux expériences plus récentes sur les possibilités offertes par l’impression 3D et les fichiers open source, ses œuvres reposent sur une stratification de matières et de temporalités. Adepte des jeux de langage, il recourt volontiers à l’analogie et à l’anachronisme, à l’appropriation et au recyclage (…).
Outre de nombreuses expositions collectives et foires en France et à l’étranger, il a déjà bénéficié de plusieurs projets personnels notamment à la Maison des Arts G.&C. Pompidou (Cajarc), au Frac Haute-Normandie, au CRAC – Occitanie/Pyrénées – Méditerranée (Sète). Guillaume Constantin occupe aussi parallèlement un poste de programmateur/curateur arts visuels aux Instants Chavirés, lieu basé à Montreuil (93) dédié aux musiques expérimentales et aux arts visuels et sonores.

Gravure en taille douce sur papier Arches noir, n°1/18

Maison Voiture Chien

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Réalisés entre 2007 et aujourd’hui, les dessins à la règle sont exécutés avec précision et minutie, avec un outillage simple: crayons de couleurs, feutres, stylos bille, papier au format A3 ou A4. Mêlant le vocabulaire de l’architecture à des motifs ornementaux et à des éléments de décoration éclectiques, ces dessins renvoient aussi bien au Pop Art qu’au design. Souvent énigmatiques, parfois absurdes et comiques, ils se classent en séries, qui se réfèrent, par un perpétuel jeu de citations et de croisements, à d’autres réalisations de l’artiste.

Elvire Bonduelle est née en 1981 à Paris. Elle entre à l’Ecole des Beaux-arts de Paris en 2000 où elle travaille principalement dans le studio de Richard Deacon et obtient son diplôme en 2005. Basée à Paris, elle travaille et expose en France et à l’étranger.

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Koud 002_LP02, Youssef Boutghrida, 24 janvier 2019

En collaboration avec Eloise Le Gallo.

De la rencontre avec Mohamed Akaskous, chercheur dans le patrimoine hydraulique marocain nait un récit autour de l’organisation sociale de sa maison et des besoins en eau qui y sont liés. Pour illustrer son propos, Mohamed dessine le plan de sa maison puis les canalisations hydrauliques. Il s’agit d’une image mentale, d’une projection puisque ces
réseaux ne sont pas visibles. Ce processus est répété auprès de plusieurs personnes pour collecter une série de schémas. Les artistes proposent une interprétation de ces schémas via l’agrandissement et la technique du gaufrage à la main, en écho à l’eau fantomatique du désert d’Agafay au Maroc qui pourtant façonne les reliefs visiblement.

Julia Borderie (FR, 1989) et Eloïse Le Gallo (FR, 1989) travaillent ensemble depuis leurs sortie des beaux arts. Anciennes élèves de L’École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy et des Beaux-Arts de Paris. Eloïse Le Gallo et Julia Borderie mettent au centre de leur démarche la rencontre, en ancrant leur processus créatif dans une approche documentaire poétique. Les formes surgissent de l’interaction avec les personnes rencontrées, les lieux, objets quotidiens et imaginaires locaux. Le sens se construit dans la plasticité des créations comme une mémoire sensible des rencontres humaines.

Koud 009_LP09, Mustapha Dehdah La Pause 2, 25 janvier 2019

En collaboration avec Eloise Le Gallo

De la rencontre avec Mohamed Akaskous, chercheur dans le patrimoine hydraulique marocain nait un récit autour de l’organisation sociale de sa maison et des besoins en eau qui y sont liés. Pour illustrer son propos, Mohamed dessine le plan de sa maison puis les canalisations hydrauliques. Il s’agit d’une image mentale, d’une projection puisque ces
réseaux ne sont pas visibles. Ce processus est répété auprès de plusieurs personnes pour collecter une série de schémas. Les artistes proposent une interprétation de ces schémas via l’agrandissement et la technique du gaufrage à la main, en écho à l’eau fantomatique du désert d’Agafay au Maroc qui pourtant façonne les reliefs visiblement.

Julia Borderie (FR, 1989) et Eloïse Le Gallo (FR, 1989) travaillent ensemble depuis leurs sortie des beaux arts. Anciennes élèves de L’École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy et des Beaux-Arts de Paris. Eloïse Le Gallo et Julia Borderie mettent au centre de leur démarche la rencontre, en ancrant leur processus créatif dans une approche documentaire poétique. Les formes surgissent de l’interaction avec les personnes rencontrées, les lieux, objets quotidiens et imaginaires locaux. Le sens se construit dans la plasticité des créations comme une mémoire sensible des rencontres humaines.

Cube drawings (2)

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« L’axe central de mon travail est la pratique du dessin, conçue comme forme fugace, et fragile permettant l’essai et l’expérimentation.
Je m’intéresse à générer des dessins à partir d’expériences contextuelles qui dictent une façon de travailler, les formats, les gestes, le contenu, et la nature de mes images. Issue de la danse contemporaine, j’explore le dessin dans son rapport au geste et au corps. […]
Je les envisage comme les traces d’une action qui a eu lieu. Le dessin rend compte d’une performance, d’une mise en mouvement du corps de l’artiste et de ses outils.
Pour cette série de dessins, c’est tout le processus qui fait oeuvre. Le format assigne les limites du dessin et du geste. Le papier a d’abord été plié pour former un volume dans lequel j’intègre un mélange de poudre graphite et de fusain. Les chocs créés par la secousse du volume (par le transport ou le jeu), généreront une trace aléatoire sur le papier, que je déploie et révèle après l’action. »

Julia Borderie.

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Cube drawings (1)

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« L’axe central de mon travail est la pratique du dessin, conçue comme forme fugace, et fragile permettant l’essai et l’expérimentation.
Je m’intéresse à générer des dessins à partir d’expériences contextuelles qui dictent une façon de travailler, les formats, les gestes, le contenu, et la nature de mes images. Issue de la danse contemporaine, j’explore le dessin dans son rapport au geste et au corps. […]
Je les envisage comme les traces d’une action qui a eu lieu. Le dessin rend compte d’une performance, d’une mise en mouvement du corps de l’artiste et de ses outils.
Pour cette série de dessins, c’est tout le processus qui fait oeuvre. Le format  assigne les limites du dessin et du geste. Le papier a d’abord été plié pour former un volume dans lequel j’intègre un mélange de poudre graphite et de fusain. Les chocs créés par la secousse du volume (par le transport ou le jeu), généreront une trace aléatoire sur le papier, que je déploie et révèle après l’action. »

Julia Borderie.

Panam building

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Pol Bury à pratiqué le dessin, la peinture, mais aussi l’écriture, la création de bijoux, la construction de fontaines, et la réalisation de plusieurs courts métrages expérimentaux. Il est considéré comme un artiste contemporain majeur, reconnu internationalement, du XXe. Ce sont surtout ses reliefs et ses sculptures cinétiques qui ont donné à l’artiste sa place dans l’histoire de l’art. Maître du mouvement lent, il maîtrise le temps dans ses réalisations mobiles, dans ses fontaines qui dégagent à la fois quelque chose de troublant et une grande sérénité, amusent et animent tout espace ou l’eau peut jouer : ville ou campagne, parc historique ou espace contemporain… Qu’elles soient à tubes ou à bulles, en acier, en cuivre, les fontaines de Bury font appel au génie créateur de l’artiste et à son imagination technique et mathématique.

Dans Panam Building, on assiste à un déferlement de gigantesques billes en acier, invasion aussi soudaine qu’invraisemblable ; l’artiste illustre ici un scénario catastrophe fantastique