Artothèque

CHARBONNIER-BOUET Clément

1984 -

Les Fenêtres

Réalisé en 2021

Acquis en 2023

62 x 82,5 cm

Arts graphiques, Estampe, Multiple

Graphiste de formation, Clément Charbonnier Bouet s’est tourné très tôt vers la bande dessinée. Son premier ouvrage, Monde parallèle est publié en 2019 par L’Association, qui a fait connaître, notamment, Killoffer, Marjane Satrapi, Joann Sfar ou encore Lewis Trondheim. Les paysages urbains qui sont au cœur de son travail révèlent une atmosphère étrangement inquiétante dans une ordinaire porte de garage ou une ombre sur un trottoir, stylisés dans un noir et blanc sans concession, simples au point de ressembler parfois au clavier d’un piano — ce n’est peut-être pas un hasard si Clément Charbonnier Bouet a grandi à Arcueil, où a vécu Erik Satie…

Cette commande a été l’occasion pour lui de produire une estampe en cinquante-cinq variations, grâce à un atelier artisanal perpétuant la technique de l’impression typographique sur presse manuelle à cylindre. La composition de chaque planche résulte de la combinaison de plaques de métal gravées à partir des dessins de l’artiste puis fixées sur un support en bois, l’artiste modifiant leur emplacement à l’impression, comme autrefois les typographes déplaçaient les plombs d’un texte dans une barrette d’imprimerie.
Les Fenêtres sont comme un manifeste : quoi de plus semblable aux cases d’une planche de bande dessinée traditionnelle que la façade d’un immeuble standardisé ? L’artiste a joué de cette féconde ambiguïté. Les cinquante-quatre cases — on pourrait dire les cinquante-quatre fenêtres représentées — sont identiques, mais le détail des objets qui les masquent, les encombrent ou les décorent révèle des vies cachées qui font s’emballer notre imagination. Pourquoi avoir volé ce Caddie de supermarché si c’est pour l’exposer sur un balcon ? Ou acheté ce vélo d’appartement, remisé à la fenêtre ? Des enfants ont-ils choisi une serviette à l’effigie de Bob l’éponge pour servir de rideau ? Les Fenêtres de Clément Charbonnier Bouet invitent chacun à se raconter sa propre histoire… A. B.

Édition de 55 estampes différentes. Impression sur presse typographique manuelle à cylindre sur papier Materica 260g, 2 passages couleur.

Oeuvre réalisée en collaboration avec Camille Escoubet et Gérard Lefèvre à l’imprimerie Trace, Concots (France).

Clément Charbonnier Bouet est né en 1984 à Paris. Il vit et travaille à Paris.

Cette œuvre a été réalisée dans le cadre de la commande Emanata.
Confiée à des auteurs de bande dessinée et à des artistes la commande d’œuvres d’art imprimé, Emanata* dévoile douze créations originales qui témoignent de la singularité de la création contemporaine et des images. Initiée par le ministère de la Culture dans le cadre de « BD 2020, l’année de la bande dessinée », cette commande, portée par le Centre national des arts plastiques (Cnap) en partenariat avec l’Association de développement et de recherche sur les artothèques (Adra) et la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image, d’Angoulême, vise à souligner les liens qu’entretient la bande dessinée avec les arts visuels dans la création contemporaine. Les artistes retenus, par un comité de sélection composé de représentants des commanditaires et des artistes Marion Fayolle et Jochen Gerner, affirment leur appartenance à l’imaginaire et aux codes de la bande dessinée et de l’image graphique et développent des recherches prospectives et expérimentales. Dans la lignée de Nouvelles Vagues (2010–2018) et de nombreux autres programmes de commande menés depuis 1989, Emanata* crée également un terrain de rencontres et d’échanges de savoir-faire entre artistes et artisans d’art, tout autant passeurs d’images et d’imaginaires.
Les œuvres réalisées sont conservées au sein des collections du Cnap, des artothèques et de la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image et viennent enrichir un patrimoine vivant. Destinées par essence à être diffusées largement, les six cent soixante-cinq estampes sont mises à la disposition à la fois
des administrations ou des services de l’État mais aussi des emprunteurs des artothèques. Ce deuxième partenariat avec l’Adra — le premier ayant donné lieu à la commande de multiples Quotidien, en 2019 — permet à nouveau de faire circuler des œuvres de l’espace collectif vers celui de l’intime et de toucher ainsi
un public élargi.