Le spectre cubain

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Franck Legendre, peintre et dessinateur produit une oeuvre dont le fil conducteur est l’expression de la singularité, de la différence. Ces personnages sont à la fois grotesques et inquiétants, mais s’adressent à nous pour que nous les incluions à nos propres existences.

Répétition

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Née en 1971, Caroline Lejeune s’est lancée dans la peinture à vingt ans ; arrivée à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris (dont elle sort diplômée en 1998), elle se pose alors la question du sujet mais aussi et surtout celle du médium. 

« Je trouvais que la peinture n’allait pas assez vite, j’ai fait de la photo, je trouvais que ma peinture ne bougeait pas assez, alors j’ai voulu faire du cinéma, je trouvais que la peinture n’était pas assez enveloppante, alors j’ai fait des installations. Et puis, la peinture s’est en quelque sorte affranchie du discours qui me rassurait et qui avait pris le contrôle sur elle. L’école m’avait rendue scolaire et fait croire un moment au discours didactique. À nouveau je suis entrée dans la peinture, et les mots sont redevenus plastiques. »

(Caroline Lejeune, dans la revue Ligeia, numéro 65-66-67-68.)

Depuis 1997, Caroline Lejeune a pour sujet de prédilection le paysage et plus particulièrement les bois et forêts qu’elle s’attache à peindre en noir et blanc, ou, devrions-nous dire plutôt, en gris, s’appuyant, mais sans s’y limiter, sur des photographies prises au cours de ses promenades. L’utilisation du noir et blanc lui permet de saisir les nuances, la lumière des sous-bois, tout en la libérant de certaines contraintes, ce qui lui permet de rester focalisée sur son sujet, concentrée sur sa toile, qu’elle peint au cours d’une « cérémonie » tant « dansée » que « chantée ».

Jazz

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Jean-Louis Lemaire est un peintre figuratif qui vit dans la région rouennaise.

Ses sujets sont variés, du paysage à la composition florale, de la nature morte aux nus et portraits. Il aime particulièrement représenter des séquences de musiciens de jazz.

Cet artiste n’est pas exempt de recherches et sans renoncer à la puissance de ses coloris, il en a épuré les nuances et authentifié les contrastes.

Les Servantes : Voix IV (après Paul Celan) [Qui est seul avec la lampe / Pour y lire n’a que sa main]

Les filles aux portables

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Né en 1980 à Paris. Il est diplômé de l’École Nationale Supérieure des Beaux-arts de Paris depuis 2004.

Il est grandement question d’écrans dans les tableaux et dessins de Thomas Lévy-Lasne. Sans être ostentatoire, l’artiste nous prouve que le monde contemporain peut entrer dans l’histoire de l’art. Thomas Lévy-Lasne puise son inspiration dans la banalité du quotidien, célébrant « le fait qu’il y ait quelque chose plutôt que rien ». Photographiques, ses images sont tout autant des moments d’évasion propice à la rêverie, voire à la mélancolie. Ici, deux petites filles sont assises sur un lit, le regard plongé en direction de leurs smartphones. L’artiste accorde beaucoup d’attention aux détails comme le montre la facture des plis et motifs des draps et autres vêtements. L’œuvre est composée d’un clair-obscur jouant du contraste entre l’obscurité de la pièce et la lumière des écrans. La composition évoque la peinture classique, et c’est à s’y méprendre : la posture des deux fillettes, leurs visages inclinés et illuminés ne sont pas sans évoquer le thème traditionnel des couseuses.

Lieux spoliés

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L’imagination débordante de Camille Lavaud la pousse à faire fi de toute hiérarchie entre les pratiques et médiums artistiques — dessin, écriture, réalisation et production cinématographique — ainsi qu’entre les différentes sources d’archives — historiques, patrimoniales, presse — dont elle nourrit son travail. Son œuvre, en perpétuelle métamorphose, s’inspire autant de la littérature populaire que des romans et films noirs des années 1950. À la frange de la réalité et de la fiction, ses récits foisonnants et souvent empreints d’humour sont peuplés de personnages interlopes vivant dans les marges et les ombres de la société.

Dans Lieux spoliés, lié à l’ouvrage La Vie souterraine (2021, Les Requins Marteaux), Camille Lavaud nous plonge dans la psyché de deux personnages, un peintre périgourdin et un riche collectionneur d’art, au temps des spoliations mises en place par le gouvernement de Vichy, lors de la Seconde Guerre mondiale. Cette œuvre, vide de personnages, superpose les intérieurs des deux héros pour mieux dessiner les contours de ces derniers. Elle se présente comme une planche explicative encyclopédique mettant en abîme ces décors dans un ensemble de cases et de rébus de formes qui affirment les moments clés du drame de spoliation sur le point de se jouer.
Ce langage, emprunté à celui de la bande dessinée, ancre ce drame du passé dans une figuration présente et résolument contemporaine. S. L.

Camille Lavaud est née en 1981 à Bergerac. Elle vit et travaille à Eymet.

Eau-forte sur papier BFK Rives 280g, 1 passage noir.
Œuvre réalisée en collaboration avec Guillaume Guilpart à Paris Print Club, Paris.

Cette œuvre a été réalisée dans le cadre de la commande Emanata.
Confiée à des auteurs de bande dessinée et à des artistes la commande d’œuvres d’art imprimé, Emanata* dévoile douze créations originales qui témoignent de la singularité de la création contemporaine et des images. Initiée par le ministère de la Culture dans le cadre de « BD 2020, l’année de la bande dessinée », cette commande, portée par le Centre national des arts plastiques (Cnap) en partenariat avec l’Association de développement et de recherche sur les artothèques (Adra) et la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image, d’Angoulême, vise à souligner les liens qu’entretient la bande dessinée avec les arts visuels dans la création contemporaine. Les artistes retenus, par un comité de sélection composé de représentants des commanditaires et des artistes Marion Fayolle et Jochen Gerner, affirment leur appartenance à l’imaginaire et aux codes de la bande dessinée et de l’image graphique et développent des recherches prospectives et expérimentales. Dans la lignée de Nouvelles Vagues (2010–2018) et de nombreux autres programmes de commande menés depuis 1989, Emanata* crée également un terrain de rencontres et d’échanges de savoir-faire entre artistes et artisans d’art, tout autant passeurs d’images et d’imaginaires.
Les œuvres réalisées sont conservées au sein des collections du Cnap, des artothèques et de la Cité  internationale de la bande dessinée et de l’image et viennent enrichir un patrimoine vivant. Destinées par essence à être diffusées largement, les six cent soixante-cinq estampes sont mises à la disposition à la fois des administrations ou des services de l’État mais aussi des emprunteurs des artothèques. Ce deuxième partenariat avec l’Adra — le premier ayant donné lieu à la commande de multiples Quotidien, en 2019 — permet à nouveau de faire circuler des œuvres de l’espace collectif vers celui de l’intime et de toucher ainsi un public élargi.

Fenêtre Normande

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Hilaire intègre l’Ecole des Beaux-arts de Paris en 1941 très influencé par Albrecht Dürer dont il s’inspirera de la luminosité et du trait. Il deviendra professeur de cette même école à partir de 1958 et va s’ouvrir à de nouvelles techniques et s’essayer à l’aquarelle, la lithographie et la tapisserie. Classique dans ses sujets (paysages, natures mortes, nus) il joue de la lumière et des tonalités translucides. Son travail sera reconnu mondialement à partir des années 50.

Sans titre (2)

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« Depuis plusieurs années une envie de traduire par un nouveau langage, de montrer ou dire par un vocabulaire qui m’est propre est omniprésente. L’image photographique s’étant tellement démocratisée qu’on oublie sont origine, je m’interroge sur d’autre moyens de monstration du monde. En contradiction à l’utilisation actuelle de l’image qui veut qu’elle soit directe, que son message passe instantanément, ce que je montre nécessite l’observation, la contemplation et l’introspection. Ce sont des moyens de codage personnel qui sont utilisés pour venir rendre cette vision souvent éclatée ou dépouillée de ce qui nous entoure. Ce travail trouve son origine dans la photographie, point de contact avec la réalité, aucune des formes n’est inventée. Elles apparaissent, souvent simples, comme un Haïku, de manière directe et efficace. Que ce soit en peinture, sculpture ou dessin, leur assemblage commence dès leur création physique jusqu’au moment de leur installation dans l’espace. »

Mickaël Halley