Artothèque

DUBOIS Jérôme

1989 -

Sans titre (sucette)

Réalisé en 2021

Acquis en 2023

72 x 102 cm

Arts graphiques, Gravure, Multiple

Jérôme Dubois publie son premier ouvrage, Jimjilbang, en 2014 chez Cornelius, où s’impose une écriture ciselée à la limite de l’abstraction, laissant déjà une grande place au dessin. On y trouve également l’intérêt de l’auteur pour les relations des individus à l’architecture des villes. À l’origine projet de diplôme de fin d’études à la Haute École des arts du Rhin (Hear) de Strasbourg, Jimjilbang propose une fiction inspirée d’éléments autobiographiques. Elle dépeint, à travers le récit désenchanté d’un voyage en Corée du Sud, la peur de l’inconnu et l’incapacité à s’adapter. Les titres suivants, Tes yeux ont vu (Cornélius, 2017), Bien normal (Cornélius, 2018), Citéruine (Matière, 2020) et Citéville (Cornélius, 2020), poursuivent l’exploration circonspecte d’un monde sombre et angoissant, très proche du nôtre.

Réalisée en sérigraphie et linogravure, Sans titre (Sucette) prolonge ce travail sur l’espace urbain et l’abstraction en abordant l’usage des images dans la ville, notamment publicitaires. Ainsi, au cœur d’une architecture dénuée de toute présence humaine, Jérôme Dubois a posé un panneau d’affichage dit sucette (120 × 176 cm). Il crée au centre de la composition un rectangle opaque dénué de message, une abstraction monochrome qui répond au jeu géométrique des fenêtres et des architectures environnantes. Le monolithe est entouré d’une étrange structure ovoïde, seule présence colorée, traitée ici en dégradé uniforme par la technique de l’encrage au rouleau.
« Les affiches […] qui criblent les villes de fenêtres colorées et incontournables sont pour moi d’excellents marqueurs de notre époque », précise Jérôme Dubois. « Bien que vidés de leur contenu, ces objets omniprésents conservent leur force évocatrice, tout en ayant perdu leur vocation d’origine […]. Ils constituent
à mes yeux des balises de la navigation urbaine. » Y. P.

Sérigraphie couleur en dégradé manuel et linogravure sur papier Rivoli 250g, 1 passage noir.
Œuvre réalisée en collaboration avec Guillaume Guilpart et Simon Thompson à Paris Print Club, Paris.

Jérôme Dubois est né en 1989 à Reuil-Malmaison. Il vit et travaille à Asnières.

Cette œuvre a été réalisée dans le cadre de la commande Emanta.
Confiée à des auteurs de bande dessinée et à des artistes la commande d’œuvres d’art imprimé, Emanata* dévoile douze créations originales qui témoignent de la singularité de la création contemporaine et des images. Initiée par le ministère de la Culture dans le cadre de « BD 2020, l’année de la bande dessinée », cette commande, portée par le Centre national des arts plastiques (Cnap) en partenariat avec l’Association de développement et de recherche sur les artothèques (Adra) et la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image, d’Angoulême, vise à souligner les liens qu’entretient la bande dessinée avec les arts visuels dans la création contemporaine. Les artistes retenus, par un comité de sélection composé de représentants des commanditaires et des artistes Marion Fayolle et Jochen Gerner, affirment leur appartenance à l’imaginaire et aux codes de la bande dessinée et de l’image graphique et développent des recherches prospectives et expérimentales. Dans la lignée de Nouvelles Vagues (2010–2018) et de nombreux autres programmes de commande menés depuis 1989, Emanata* crée également un terrain de rencontres et d’échanges de savoir-faire entre artistes et artisans d’art, tout autant passeurs d’images et d’imaginaires.
Les œuvres réalisées sont conservées au sein des collections du Cnap, des artothèques et de la Cité  internationale de la bande dessinée et de l’image et viennent enrichir un patrimoine vivant. Destinées par essence à être diffusées largement, les six cent soixante-cinq estampes sont mises à la disposition à la fois
des administrations ou des services de l’État mais aussi des emprunteurs des artothèques. Ce deuxième partenariat avec l’Adra — le premier ayant donné lieu à la commande de multiples Quotidien, en 2019 — permet à nouveau de faire circuler des œuvres de l’espace collectif vers celui de l’intime et de toucher ainsi
un public élargi.