Artothèque

PARC Saehan

1989 -

Un pas

Réalisé en 2021

Acquis en 2023

72,3 x 92,3 cm

Arts graphiques, Eau-forte, Multiple

 Saehan Parc arrive en France pour ses études, qu’elle effectue au sein du département Illustration de la Haute École des arts du Rhin (Hear) de Strasbourg. Elle publie ses dessins aussi bien aux États-Unis dans le New York Times qu’en Allemagne dans le Süddeutsche Zeitung . Son style très épuré fait passer le monde qui l’entoure au tamis d’une géométrie stricte, pour produire des figures singulières et attachantes, qui évoquent aussi bien les marionnettes du Ballet triadique d’Oskar Schlemmer, monté en 1922 par la troupe du Bauhaus, que la tradition du manhwa (la bande dessinée coréenne) ou encore les livres pour enfants de Stephanie Blake.

Dans l’estampe Un pas, un personnage parcourt en une seule enjambée l’espace de la feuille et donne le tempo à une foule qui semble sortir de ses pensées. Saehan Parc combine avec bonheur les instruments de la rigueur, compas et règles d’architecture, avec les matériaux de la liberté, notamment des encres colorées appliquées à la poupée (un tampon de bois emmitouflé dans un chiffon) sans précautions excessives.
En réponse à l’« éternel conflit entre le dessin et la couleur » qu’évoquaient Henri Matisse et avant lui quelques maîtres, Saehan Parc propose sa réponse. Le dessin très net a été gravé sur une plaque, imprimé sur le papier, une seconde plaque est venue y déposer des couleurs beaucoup plus libres et vibrantes — couleurs que Jean-Auguste Dominique Ingres appelait non sans une pointe d’ironie la dame d’atours du dessin —, avant qu’une troisième opération, un gaufrage, achève de donner de la puissance à l’enjambée. Une réponse qui croise, l’air de rien, aussi bien les techniques que les cultures dans un jeu qu’il faut observer de près pour constater combien il est savant. A. B.

Saehan Parc est née en 1989, en Corée du Sud. Elle vit et travaille à Strasbourg.

Eau forte et aquatinte sur papier Natural Line 280 g, 5 passages couleur.
Œuvre réalisée en collaboration avec Domitille Araï et Bérengère Lipreau à l’atelier René Tazé, Paris.

Cette œuvre a été réalisée dans le cadre de la commande Emanata.
Confiée à des auteurs de bande dessinée et à des artistes la commande d’œuvres d’art imprimé, Emanata* dévoile douze créations originales qui témoignent de la singularité de la création contemporaine et des images. Initiée par le ministère de la Culture dans le cadre de « BD 2020, l’année de la bande dessinée », cette commande, portée par le Centre national des arts plastiques (Cnap) en partenariat avec l’Association de développement et de recherche sur les artothèques (Adra) et la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image, d’Angoulême, vise à souligner les liens qu’entretient la bande dessinée avec les arts visuels dans la création contemporaine. Les artistes retenus, par un comité de sélection composé de représentants des commanditaires
et des artistes Marion Fayolle et Jochen Gerner, affirment leur appartenance à l’imaginaire et aux codes de la bande dessinée et de l’image graphique et développent des recherches prospectives et expérimentales. Dans la lignée de Nouvelles Vagues (2010–2018) et de nombreux autres programmes de commande menés depuis 1989, Emanata* crée également un terrain de rencontres et d’échanges de savoir-faire entre artistes et artisans d’art, tout autant passeurs d’images et d’imaginaires.
Les œuvres réalisées sont conservées au sein des collections du Cnap, des artothèques et de la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image et viennent enrichir un patrimoine vivant. Destinées par essence à être diffusées largement, les six cent soixante-cinq estampes sont mises à la disposition à la fois des administrations ou des services de l’État mais aussi des emprunteurs des artothèques. Ce deuxième partenariat avec l’Adra — le premier ayant donné lieu à la commande de multiples Quotidien, en 2019 — permet à nouveau de faire circuler des œuvres de l’espace collectif vers celui de l’intime et de toucher ainsi un public élargi.