LAVAUD Camille
1981 -
Lieux spoliés
Réalisé en 2021
Acquis en 2023
77 x 108,5 cm
Arts graphiques, Eau-forte, Multiple
L’imagination débordante de Camille Lavaud la pousse à faire fi de toute hiérarchie entre les pratiques et médiums artistiques — dessin, écriture, réalisation et production cinématographique — ainsi qu’entre les différentes sources d’archives — historiques, patrimoniales, presse — dont elle nourrit son travail. Son œuvre, en perpétuelle métamorphose, s’inspire autant de la littérature populaire que des romans et films noirs des années 1950. À la frange de la réalité et de la fiction, ses récits foisonnants et souvent empreints d’humour sont peuplés de personnages interlopes vivant dans les marges et les ombres de la société.
Dans Lieux spoliés, lié à l’ouvrage La Vie souterraine (2021, Les Requins Marteaux), Camille Lavaud nous plonge dans la psyché de deux personnages, un peintre périgourdin et un riche collectionneur d’art, au temps des spoliations mises en place par le gouvernement de Vichy, lors de la Seconde Guerre mondiale. Cette œuvre, vide de personnages, superpose les intérieurs des deux héros pour mieux dessiner les contours de ces derniers. Elle se présente comme une planche explicative encyclopédique mettant en abîme ces décors dans un ensemble de cases et de rébus de formes qui affirment les moments clés du drame de spoliation sur le point de se jouer.
Ce langage, emprunté à celui de la bande dessinée, ancre ce drame du passé dans une figuration présente et résolument contemporaine. S. L.
Camille Lavaud est née en 1981 à Bergerac. Elle vit et travaille à Eymet.
Eau-forte sur papier BFK Rives 280g, 1 passage noir.
Œuvre réalisée en collaboration avec Guillaume Guilpart à Paris Print Club, Paris.
Cette œuvre a été réalisée dans le cadre de la commande Emanata.
Confiée à des auteurs de bande dessinée et à des artistes la commande d’œuvres d’art imprimé, Emanata* dévoile douze créations originales qui témoignent de la singularité de la création contemporaine et des images. Initiée par le ministère de la Culture dans le cadre de « BD 2020, l’année de la bande dessinée », cette commande, portée par le Centre national des arts plastiques (Cnap) en partenariat avec l’Association de développement et de recherche sur les artothèques (Adra) et la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image, d’Angoulême, vise à souligner les liens qu’entretient la bande dessinée avec les arts visuels dans la création contemporaine. Les artistes retenus, par un comité de sélection composé de représentants des commanditaires et des artistes Marion Fayolle et Jochen Gerner, affirment leur appartenance à l’imaginaire et aux codes de la bande dessinée et de l’image graphique et développent des recherches prospectives et expérimentales. Dans la lignée de Nouvelles Vagues (2010–2018) et de nombreux autres programmes de commande menés depuis 1989, Emanata* crée également un terrain de rencontres et d’échanges de savoir-faire entre artistes et artisans d’art, tout autant passeurs d’images et d’imaginaires.
Les œuvres réalisées sont conservées au sein des collections du Cnap, des artothèques et de la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image et viennent enrichir un patrimoine vivant. Destinées par essence à être diffusées largement, les six cent soixante-cinq estampes sont mises à la disposition à la fois des administrations ou des services de l’État mais aussi des emprunteurs des artothèques. Ce deuxième partenariat avec l’Adra — le premier ayant donné lieu à la commande de multiples Quotidien, en 2019 — permet à nouveau de faire circuler des œuvres de l’espace collectif vers celui de l’intime et de toucher ainsi un public élargi.