Artothèque

BOUDRY Pauline et LORENZ Renate

1972 - / 1963 -

Untitled (Moving Backwards)

Réalisé en 2018

Acquis en 2022

60 x 60 cm

Oeuvre textile

Réalisée par Pauline Boudry / Renate Lorenz en 2018, cette tenture murale carrée ornée de sequins réversibles noirs et argentés fonctionne à la manière d’un étendard. Ornement textile issu de l’univers du théâtre et de la fête devenu symbole de la culture Drag, ce tissu est arboré avec fierté comme un pied de nez au conservatisme ambiant. Cette édition de 50 exemplaires a été produite en amont de l’installation vidéo Moving Backwards, présentée au pavillon suisse de la 58ème Biennale de Venise (2019). L’installation met en scène la performance d’un groupe de cinq danseurs et danseuses issus de différentes disciplines, montée entièrement comme si le film était en train d’être rembobiné. Par ce geste, elles explorent les significations de la notion de « retour en arrière », au sens propre comme au figuré. Si le sequin est largement employé dans ce projet, il revêt ici une dimension éminemment picturale. En empruntant la monochromie au suprématisme des années 1910, les artistes renouent ainsi avec la radicalité de l’étude purement formelle des effets de la lumière sur la matière, qu’elles détournent par l’implication des visiteurs dans une expérience charnelle et ludique. L’invitation à altérer l’œuvre au gré des envies de chacun crée un sentiment de proximité immédiate avec le public, un procédé en adéquation avec le principe d’ouverture prôné par les artothèques. Entre plaisir visuel et haptique, l’œuvre ne se dévoile que par la délicatesse du toucher, faisant l’éloge du glamour et du désir.

Pauline Boudry & Renate Lorenz travaillent ensemble à Berlin depuis 2007. Elles produisent des films, des installations et des sculptures fortement liés à la performance, chorégraphiant la tension entre narration et abstraction, visibilité et opacité. Leurs interprètes sont des chorégraphes, des artistes et des musicien·nes, avec lesquel·les elles ont de longues discussions concernant les conditions de la performance et l’histoire violente du regard, mais aussi sur la camaraderie, le glamour et la résistance. «Moving Backwards» a été présentée en avant-première au Pavillon suisse de la 58e Biennale de Venise en 2019 avant d’être exposée récemment au MUDAM Luxembourg et au Centre Pompidou à Paris dans le cadre du festival «Move».

Parmi leurs expositions personnelles, on peut citer «Ongoing Experiments with Strangeness» à la Julia Stoschek Collection (2019) à Berlin, «Telepathic Improvisation» au Centre culturel suisse Paris (2018) et au CAMH Houston (2017), «Portrait of an Eye» à la Kunsthalle de Zurich (2015), «Loving, Repeating» à la Kunsthalle de Vienne (2015), «Patriarchal Pœtry» au Badischer Kunstverein (2013), «Aftershow» au CAPC de Bordeaux (2013), «Toxic Play in Two Acts» à la South London Gallery (2012), et «Contagieux ! Rapports contre la normalité» au Centre d’Art Contemporain Genève (2011).

Textile, bois et sequins