Artothèque

FOUREY Morgane

1984-

Novembre 2014

Réalisé en 2016

Acquis en 2017

33x21 cm

Peinture

Puisant son vocabulaire dans les champs du faux-semblant et du trompe l’œil, la pratique de Morgane Fourey conjugue la tradition d’imitation de la peinture classique et la réappropriation des techniques liées à l’artisanat, notamment celles des peintres en décor. Historiquement attachée à représenter des volumes et des formes tridimensionnelles en une surface plane, la technique de trompe l’œil provoque l’illusion de la présence d’objets réels par une palette d’effets de perspective et de jeu de texture. Mais si l’artiste use de ces artifices, son travail se définit davantage comme une peinture en volume, articulant la sculpture et l’espace de représentation défini par la peinture. Ici, la touche du peintre apparaît comme une empreinte invisible. Si le trait est précis, le travail minutieux, Morgane Fourey restitue la matière de chaque objet tout en lui refusant la fonction qu’il recouvre habituellement. Jouant sur l’organe de la vision et de la perception, la facture de l’oeuvre cherche à imiter avec un matériau différent la matière de ce qui est reproduit ou présenté. Par l’artifice d’une nouvelle matière picturale, un effet de vérisimilitude de l’objet représenté est créé, alors même que la surface peinte contredit la matière de l’objet. Fixant les objets à la fois par l’acte de la peinture et par leur mise en scène dans un espace, Morgane Fourey arrête l’image sur la photographie d’un moment : celui du montage, de la construction, engageant une activité invisible. Par là même, elle introduit une certaine dramaturgie en transformant l’espace d’exposition en véritable scène de théâtre, vidée de ses acteurs. Malgré leur absence de la scène, c’est bien sur le travail de ceux qui agissent et fabriquent en amont – les artisans, les restaurateurs, les régisseurs- que Morgane Fourey porte son regard.

Loraine Baud